TAHMINEH MONZAVI
BODIES OF NATURE
25.06.2021 – 28.08.2021
5 Rue Saint Georges, 1050 Ixelles
FR.
Sommes-nous capables de voir de la poésie dans le chaos et la souffrance ?
Après de longs mois de pandémie et de souffrance, la leçon que nous donne Tahmineh nous submerge. Au-delà de la photo documentaire, les clichés de Tahmineh Monzavi laissent percer une poésie, une douceur cachée derrière la dureté, une douceur de sœur et d’amie face au désespoir de ces femmes. Faisant écho au travail de ses grands prédécesseurs, Boris Mikhailov et ses clichés sur la société russe au moment de la perestroïka, Dorothea Lange durant la grande dépression américaine des années 30 ou même Nan Goldin, témoin direct des années de drogue et de Sida à New-York au début des années 80, il y a toujours chez Tahmineh un cadrage, une couleur, un instant d’intimité, un détail qui sublime la souffrance et efface l’insupportable. Le regard de Tahmineh redonne dignité à ces hommes et femmes fragiles et cassés que toute société souhaite cacher.
Condamnée en 2012 à 150 coups de fouet et à la prison à Téhéran pour ses clichés de la maison-refuge pour femmes en danger, Grape Alley, elle poursuit pourtant son travail en Afghanistan témoignant de la lapidation par la population d’une épouse rejetée et de la résistance des femmes afghanes à exister malgré la pression sociale et religieuse. Même au cœur du désert du Lut au centre de l’Iran où un soleil d’enfer fait monter la température au-delà de 70 degrés, elle trouve une trace féminine et ses dunes et ses rochers détruits de soleil prennent des formes d’amoureuses sorties d’un harem oriental.
Les clichés de Tahmineh Monzavi ont toujours trouvé un écho tout particulier chez moi, spécialiste de l’œuvre d’Auguste Rodin dont l’œuvre magistrale, la Porte de l’Enfer avec ses 300 personnages, Damnés de la Porte et leurs bourreaux mi êtres humains mi animaux, nous interroge sur les conséquences de nos actes et leur poids au moment du jugement dernier. L’Enfer, enfer sur terre, enfer dans l’au- delà. Enfer moral. Enfer pour ces femmes rejetées par la société iranienne, Enfer du soleil qui détruit même les pierres les plus dures. Et pourtant il y a toujours de la poésie dans les clichés de Tamineh.
Jérôme Le Blay Historien, Auteur du Catalogue Raisonné de l’œuvre d’Auguste Rodin Juin 2021
Nous sommes heureux de présenter, pour la première fois à la Galerie Félix Frachon, l’artiste iranienne Tahmineh Monzavi. Pour ce solo show intitulé « Bodies of Nature », la galerie en collaboration avec l’artiste ont choisi d’exposer quatre séries de photographies différentes : « LUT », « Grape Garden Alley », « Tina » et « Afghanistan ».
Née en 1988, Tahmineh Monzavi vit et travaille à Téhéran. C’est une photographe socialement engagée. À travers la photographie documentaire, l’artiste explore l’Iran et principalement les rues de Téhéran : la vie cachée des transsexuels et des femmes sans abri, les conditions de vie difficiles et de la toxicomanie. Elle a également travaillé sur d’autres séries à caractère social telles que Brides of Mokhber al-Dowleh et Grape Garden Alley. Ces dernières années, Tahmineh Monzavi a été captivée par les ruines de l’architecture historique de l’Iran et de l’Afghanistan, qu’elle a représenté notamment dans les séries Past Continuous, Red Soil Cold Soil, et la dernière, LUT.
Ses œuvres ont été exposées au niveau national et international : Los Angeles County Museum of Art (LACMA), le musée MAXXI de Rome, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, la National Portrait Gallery de Londres et bien d’autres.
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ENG.
Are we able to see poetry in chaos and suffering?
After long months of pandemic and suffering, the lesson that Tahmineh gives us overwhelms us. Beyond the documentary photo, Tahmineh Monzavi’s pictures let us see a poetry, a softness hidden behind the hardness, a softness of sister and friend in front of the despair of these women.
Echoing the work of her great predecessors, Boris Mikhailov and his shots of Russian society at the time of perestroika, Dorothea Lange during the Great Depression in the 1930s or even Nan Goldin, a direct witness to the years of drugs and AIDS in New York in the early 1980s, there is always a frame, a color, a moment of intimacy, a detail that sublimates the suffering and erases the unbearable. Tahmineh’s gaze restores dignity to these fragile and broken men and women that all society wishes to hide. Sentenced in 2012 to 150 lashes and imprisonment in Tehran for her photographs of Grape Alley, a shelter for women in danger, she nevertheless continues her work in Afghanistan, bearing witness to the stoning by the population of a rejected wife and to the resistance of Afghan women to exist despite social and religious pressure. Even in the heart of the Lut desert in central Iran, where a hellish sun raises the temperature above 70 degrees, she finds a feminine trace and her sun-damaged dunes and rocks take on the forms of lovers from an oriental harem.
Tahmineh Monzavi’s pictures have always resonated with me as a specialist of Auguste Rodin’s work, whose masterpiece, the Gate of Hell with its 300 characters, the Damned of the Gate and their executioners, half human and half animal, asks us about the consequences of our actions and their weight at the time of the final judgment. Hell, hell on earth, hell in the afterlife. Moral hell. Hell for its women rejected by the Iranian society, Hell of the sun that destroys even the hardest stones. And yet there is always poetry in Tahmineh’s pictures.
Jérôme Le Blay Historian, Author of the Catalogue Raisonné of the work of Auguste Rodin June 2021
We are proud to present for the first time at the Felix Frachon Gallery Iranian artist Tahmineh Monzavi. For this solo show, named « Bodies of Nature », the gallery in collaboration with the artist have chosen to show four different series of photographs : « LUT », « Grape Garden Alley », « Tina » and « Afghanistan ».
Born in 1988, Tahmineh Monzavi lives and works in Tehran. She is a socially conscious photographer. Through documentary photography, the artist explores Iran and Tehran’s streets : the hidden from the public eye life of the transsexuals and homeless women, the harsh living conditions and drug abuse. She has also worked on other socially involved series such as Brides of Mokhber al-Dowleh and Grape Garden Alley. In the recent years, Tahmineh Monzavi has been captivated by the ruins of the historical architecture of Iran and Afghanistan, that she photographed through the series Past Continuous, Red Soil Cold Soil, and LUT.
Her works have been exhibited nationally and internationally: Los Angeles County Museum of Art (LACMA), MAXXI museum of Roma, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, the National Portrait Gallery in London and many others.
https://www.arte.tv/fr/videos/104101-000-A/photographie-le-regard-de-tahmineh-monzavi-sur-l-iran/